AQUARIUS 1873-2073//résidence de création du 19 au 23 juillet

AQUARIUS 1873 _ 2073
L’ installation prendra la forme d’une sculpture monumentale textile, musicale et lumineuse qui représentera, en 2073, un groupe de Radiolaires, habituellement invisibles, pour témoigner de leur transcendance. Plusieurs petits synthétiseurs modulaires éclatés dans l’espace nous transmettront le langage de ces créatures sous marines luminescentes. Le dispositif engendrera un écosystème sonore en constante évolution, en interaction totale et dynamique avec les lumières en mouvements, les variations des oeuvres plastiques…

Tel un rituel initiatique, le public expérimentera une rencontre immersive tri dimensionnelle et pluri sensorielle au coeur d’une nature qui nous inviterait à s’inspirer d’elle pour nous protéger de nous même.

AQUARIUS 1873 _ 2073

(Marie Girard Chauvel)
Point de départ et parti pris artistique : le refuge

Aquarius 1873_ 2073 est inspirée par les recherches que je mène sur les Radiolaires depuis ce jour où, par hasard, je suis tombée sur cette planche illustrée de Ernst Haeckel.
Ebahie par l’esthétique des structures, incroyable construction en spirale étoilée aux proportions parfaites, je
décide d’en savoir plus.
Les Radiolaires, zoo plancton minéral, présents sur Terre depuis les origines de la vie, nous racontent ce que GastonBachelard, philosophe phénoménologue contemporain
explore dans le chapitre sur la coquille de « La poétique de l’espace » : la formation de la coquille (ou squelette) confère à l’organisme qui la réalise une haute intelligibilité car il s’agit d’une vérité de géométrie animale. Non seulement la forme fascine mais la formation qui reste mystérieuse, nous invite à nous y projeter.
La coquille ou squelette induit la fonction d’habiter, de loger, de se lover.
Trouver une coquille vide et s’en faire un refuge : ma
rencontre avec les radiolaires s’est instaurée ainsi, dans l’idée de construire un espace poétique originel.
Il y a dans les découvertes scientifiques de l’époque de Ernst Haeckel, une euphorie,. Aujourd’hui nous sommes dans passés à une phase où l’écroulement écologique semble inévitable. Nous mettons en œuvre des processus
d’étude pour conserver la nature telle qu’on la connait.
Aquarius, nature mutante de 2073, nous invite à prendre soin de notre espace vital, à s’inspirer du vivant qui nous
transcende.

Beaucoup de mouvements citoyens, écologistes, alter mondialistes mettent en place et travaillent sur des zones
autonomes et auto suffsantes.
Un autre système, anti capitaliste, altruiste, local, respectueux de l’environnement, tente d’émerger, de co
exister dans la durée, apportant une alternative tangible à l’idée qu’un monde nouveau peut se substituer au désastre engendré par l’élite financière mondiale.
Mais Les ZAD sont régulièrement détruites avec violence comme on a pu le constater avec celle de Notre Dame des landes .
Aquarius1873 – 2073 propose une réponse à la nécessité de se réinventer dans des lieux qui nous ressemblent : des sanctuaires poétiques dont la qualité principale sera d’être indestructible.
« La rêverie poétique, à l’inverse de la rêverie de la somnolence, ne s’endort jamais » Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, PUF, 1957

AQUARIUS 1873 _ 2073
Contexte historique
Ernst Haeckel et la mission Challenger

La révolution industrielle du 19éme siècle permet un sursaut dans le progrès technologique, notamment avec la mise au point de microscope optique qui permettent enfin de voir des organismes jusque là invisibles. La première publication concernant les Radiolaires date de 1834: l’auteur, Meyen, décrit et illustre trois espèces. Le travail fondateur sur les Radiolaires est effectué par Ehrenberg, auteur de 26 publications entre 1838 et 1875, dans lesquelles sont décrites plusieurs centaines d’espèces vivantes ou fossiles. Au milieu du 19ème siècle plusieurs biologistes, parmi lesquels Hertwig et Muller, s’intéressent aux formes vivant en Méditerranée. Muller les baptise Radiolaria en 1858, et en établit le premier la
nature unicellulaire. Dans une synthèse publiée en 1879, il distingue les principaux groupes en se basant sur la forme de la membrane capsulaire. Haeckel, le plus célèbre des précurseurs, a d’abord étudié les Radiolaires de Méditerranée dont il a publié une monographie en 1862, puis il répertorie et examine les Radiolaires collectés par le navire océanographique Challenger : plus de 1800 pages et 140 planches sont publiés en 1887. Haeckel décrit 785 nouvelles espèces et présente une classification exhaustive basée sur la morphologie du squelette de tous les Radiolaires connus à cette époque. Cette classification géométrique a été utilisée jusque dans les années 1970.
1872 : Ernst Haeckel, scientifique, philosophe et artiste de renom, proche de Darwin, premier chercheur à conceptualiser la notion d’écologie comme l’étude des relations unissant les organismes vivants, apprend qu’il va participer à la première grande campagne anglaise océanographique mondiale à bord du navire HMS Challenger affrété pour l’occasion par la Royal Navy anglaise. En effet, un groupe de chercheurs de l’époque réussit à faire financer cette expédition d’envergure dont l’enjeu sera de  comprendre le rôle de l’infiniment petit dans l’ensemble des divers milieux aquatiques du monde.

Pendant 3 ans, le HMS Challenger sillonna la planète, de l’Australie à l’Arctique, sondant le fond des mers. Plus de 4000 espèces animales inconnues furent découvertes jusqu’à 5500 mètres de profondeur ce qui représenta une avancée historique dans la connaissance du vivant et suscita un grand enthousiasme dans la communauté scientifique internationale.
Ernst Haeckel, fasciné par la beauté structurelle des Radiolaires, mit en œuvre le résultat de ces observations avec des planches illustrées, connues mondialement pour leur rendu artistique de la nature marine qui se dévoilait avec superbe aux yeux du grand public.
Le 19éme siècle prenait conscience que la vie pouvait non seulement être microscopique mais que les micro organismes avaient des influences considérables sur leur environnement. Le monde voyait pour la  première fois une nature jusque là imperceptible et inconnue, pleine de promesse.

Le Collectif La Bulle est une compagnie de spectacle vivant qui a produit un large éventail de projets artistiques depuis 2006. Des évènements comme le festival Free Market ou le pop up The Workshop, les installations monumentales comme le Tricot Urbain, Refektor ou Roue libre ont permis sa reconnaissance.

Aujourd’hui, son travail s’est centré sur les installations plus que l’évènementiel et tout particulièrement sur la conception et la construction de scénographies pour les arts de la rue, le théâtre, le cinéma ….
Au coeur du projet artistique s’ancre une approche transversale novatrice poétique. L’idée de croiser les disciplines démultiplie les possibilités de celles ci ainsi que l’imaginaire mobilisable.
L’ouverture, la rêverie et le décloisonnement composent l’âme de nos recherches.

Nous accompagnons nos démarches de contacts avec le public sous la forme de chantier ou d’atelier participatifs.
“C’est avec la création de l’homme que le principe du commencement est venu au monde, ce qui évidemment n’est qu’une façon de dire, que le principe de liberté fut créé en même temps que l’homme, mais pas avant ”
Condition de l’homme moderne (1961) de Hannah Arendt